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Ludos

Mixologie et Éclipse


C'est souvent l'arrivée d'un passage de la lumière vers l'obscurité dans le ciel qui m'amène des réflexions sur les dernières années traversées. La lune se croisant au soleil, nous ramène dans le noir et subitement, la chandelle que l'on tient parfois pour se rassurer nous éclaire une partie de la pièce et le reste, à imaginer. Même avec les lampadaires, il y a une énergie différente dans les rues, comme la chandelle, ça devient difficile de tout voir. Ce matin, vers 2h, mon cadran imaginaire sonna pour me demander de veiller à ce que la nuit m'amène à cet état méditatif de réflexions. Je vois la nuit m'absorber du haut du 5 et demi. Le balcon, aire ouverte, cuisine et table, chaises, tout y est. Je m'assis bien confortablement et revient à mon rituel. M'assoir, boire un peu de chaleur et contempler le balcon et les ouvertures du ciel par les deux fenêtres donnant une vue des balcons voisins, les cèdres dans l'angle mort, perceptibles de mémoire et rassurants de son odeur, les fenêtres en réflexions comme un miroir d'une double vie. Espionner l'ordinaire sublime. Je constate que ce matin ce ne sera potentiellement pas le même qu'hier et sûrement encore moins demain. Je regrette parfois d'avoir oublié d'écrire dans mon journal. Je relis un passage ou je me demande si un ami pense parfois à moi. C'est drôle de se demander ça. Est-ce que je pense à toi aussi, au final? Peut-être trop, dans le fond. Il y a des jours que l'écriture devient un allié qui te connait par coeur. Tu relies, écris, relies, écris, refais une relecture, le jet te veut pour la vie : Jack Nicholson et son Shining. Suis-je en possession du diable? Peut-être. Le diable aime danser dans le feu et respirer la braise. Au tarot, c'est l'âme qui replonge dans ses souvenirs et dans son passé pour remonter à la surface et éclairer au grand jour cet œuvre de sagesse. À voir ( ?)


D'habitude, l'envie d'écrire émerge vers ces heures : 2h et 7h. L'heure du traffic trans sibérien, dont la route nordique me reconduit comme des synapses vers les branches glaciales de l'inconnue ; une transe d'un chemin hypnotique avec du Can en background. Un train se rallonge dans mon esprit, et je démarre ainsi la journée : fraîchement en déconnexion.


Je revois les heures s'émietter comme du tofu mi-ferme. L'analogie s'inspire de quelques années de cuisine, vous l'aurez sans doute remarqué : la cuisine m'apporte ce frais et nuptial détachement vers une détente style jardin zen et prog-shoegaze/ slash bruits divers. Une envolée abrasive et tes tympans parfois scraps et complètement accros te remercient pour l'effort de baisser à 9 quand t'es à 10. Un genre de mouvement en continue dont les pensées se transposent sur l'impossible encore possible dès que la seconde fige et que c'est l'heure de te laisser submerger.


C'est maintenant le soleil qui traverse le ciel de Saint-Sauveur. Ouin, beaucoup d'informations à cibler. De un : Il fait beau. De deux : il y a trop d'informations.

Je passe souvent le temps à méditer, lire, me questionner sans cesse sur des débats intérieurs. Avant de partir ce blog, je me suis dis : encore un autre moment d'obstination et de rébellion. Je pourrais laisser couler l'encre noir et m'y abandonner une fois pour toute. On me dit souvent au négatif : Pourquoi tu n'écris pas un livre? Laisser couler c'est difficile à saisir, du temps entre la correction et ce sens pratique qui te guide pour effacer la moitié de ce que tu voulais écrire en 1 heure. Au final, ce que j'en pense, c'est que je laisserais bien la vie m'amener là ou ça devrait aller. Avec du beat.


La connexion lunaire que je perçois du haut du 5 et demi, c'est qu'il y a constamment une histoire à raconter. Celle d'être ici présent. Et du fait même que l'entrain se contorsionne subitement, les oiseaux, ne cessent de m'amener encore plus loin. Avant de me relancer dans les histoires du passées, du Partage Végétal, des voyages, des rencontres, et tout et tout, j'aimerais avant-tout dans cet nouvelle espace libérer les mots et les amener un peu plus près du paysage nordique dont je laisse flotter dans mon esprit.


En regardant le cadran imaginaire, il me semble maintenant grand temps de trembler un peu et amener mes sensations à me laisser planer dans l'atmosphères. Parfait, je regarde ma playlist : De la mousse musicale.


Après le démarrage du projet Partage Végétal en 2019, il y avait de quoi de passionnant à démêler. Je veux dire, mixer. Démêler peut-être parce qu'au final, je voyais en l'avenir tellement d'options de retour vers la simplicité. Et je me demandais, si un moment, dans l'histoire de l'humanité, on reviendrait à de quoi de tragiquement moins excessif et surproductif. Laisser de côté quelques gogosses.


Et démêler en surface, peut-être et surtout revenir à mes convictions. Celles qui m'ont suivit depuis la fois ou j'ai décidé de m'amuser tout en changeant parfois, les règles du jeu. Je voyais dans les critères une marge performante, robotique, ou à la chaîne, dont l'innovation mènerait à sa perte. Après tout, je questionnais ce qui me causais de la fatigue et du surmenage, des problèmes en santé, burnout répétitifs.

Est-ce vraiment cette vie de rêve que tout le monde mérite?


Avec le temps, les choses se replacent. C'est le temps, de mixer ensemble ce qui est simple, nourricier, jovial, et une pincée d'étincelle de '' J'aime quand même ma vie!''


Après les 3 dernières années à travailler à démarrer ce projet, en cuisinant des plats, à lire toutes sortes de livres, de discussions profondes, des réflexions sur nos structures sociales, et les communautés qui préservent cette terre, je me devais de continuer.


Les dernières années fut une longue plongée dans cette transe que l'on peut aussi appeler : un chantier. Qu'est-ce que je construis avec ces plantes? Des bâtisses de nutriments dont la fondation laisserait nos corps s'épanouir en liberté, nue, dans la déroute du Momentum. Flash : la plage est un lieu dont les corps se rappellent de l'eau et des algues qui nage en notre coeur. Oui, et le goût du sel ressemble au goût de la tristesse ( et sans glutamate monosodique svp). Cette beauté que je nomme Terre donne les larmes uniques du sol minéral en mon visage pluvieux. Le tofu mi-ferme s'écoule entre les bouchées ancestrales, de cette terre en émergence, ce futur en démarrage, cette accélération de particules en émulsion créant les estuaires de nos fleuves en serpentins. La larme salée me rappelle ce souvenir, celle de l'eau, de la terre, du soleil, des feuilles, de l'air, de nos sourires émus.


Se souvenir, c'est parfois un moment serein aussi parce que l'esprit demande cette espace de libération, d'abandon, j'appelle ça aussi un espace de détente, ou je sirote cette tisane dans la salle d'attente et le rendez-vous avec ma conscience se faufile dans les craques de la chaise feutrée. J'ai bien hâte de démarrer cette journée et d'ouvrir cet espace. Un blog, un canal de matière grise.


Le merle vient de passer par la fenêtre. C'est l'heure d'y aller.



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